« La chambre d'accusation de la cour d'appel de Dakar a
rejeté aujourd'hui la demande d'extradition de Hissène Habré en Belgique. Elle a
estimé que la demande de la Belgique n'est pas conforme aux dispositions légales
sénégalaises », a déclaré un haut responsable du ministère sénégalais de la
Justice.
La cour d'appel a invoqué deux vices de forme pour rejeter la
demande d'extradition de Hissène Habré vers la Belgique : la non-conformité aux
dispositions légales en matière d'extradition et la non-transmission du
procès-verbal de l'arrestation et de la mise sous écrou de l'ancien président
tchadien. La Belgique n'aurait pas, selon le ministère sénégalais de la Justice,
livré des documents authentiques à l'appui de sa demande, mais des
copies.
Aussitôt après cette décision, l'un des avocats de
l'ex-président tchadien, Maître Klédor Cirely, a dit qu'il n'était pas surpris
par l'attitude de la Belgique qui ne respectait pas la justice sénégalaise et
envoyait toujours des photocopies. « Nous en sommes à quatre demandes [...].
Sur la question de fond, la cour d'appel a déjà dit qu'elle était
incompétente », a-t-il déclaré.
De son côté, le président de l'Association des victimes des
crimes du régime d'Hissène Habré a évoqué sa déception devant la décision de la
cour d'appel de Dakar. « Cette histoire de vice de forme est un prétexte. On
attend depuis 2005. Abdoulaye Wade ne veut pas que Hissène Habré soit jugé.
L'Afrique continue à baigner dans l'impunité, cela me fait honte », a
déclaré Clément Abaifouta.
En juillet dernier, le gouvernement sénégalais avait
annoncé qu'il allait expulser Hissène Habré au Tchad, où il a été condamné à
mort par contumace avant de revenir plus tard sur sa décision, à la demande de
l'ONU. Pour le président Abdoulaye Wade, le Sénégal n'a pas refusé de juger
Habré, mais ne dispose pas de « juridiction ad hoc » pour le faire à
Dakar. Le ministère belge des Affaires étrangères avait proposé qu'Hissène Habré
soit extradé en Belgique et le gouvernement tchadien avait demandé que l'option
belge soit privilégiée.
L'ancien président tchadien, qui vit en exil à Dakar depuis sa
chute après huit ans au pouvoir, est accusé de crimes contre l'humanité, crimes
de guerre et torture. Le Sénégal avait accepté en 2006 de le juger à la demande
de l'Union africaine, mais n'a jamais organisé le procès.
Par Jrang An@go.
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