La 15e
session ordinaire de la conférence des chefs d'État et de gouvernement membres
de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), maintes
fois repoussée, a finalement eu lieu les 15 et 16 janvier 2012 à N'Djamena au
Tchad
Précédé du 10 au 14 janvier par plusieurs réunions des
institutions spécialisées, notamment le Conseil des ministres des États membres,
le sommet a connu la participation de cinq chefs d'État, à savoir, Denis Sassou
N'Guesso du Congo ; Teodoro Obiang Nguema de Guinée Équatoriale ; François
Bozizé de Centrafrique ; Pierre Kuruziza du Burundi et Idriss Deby Itno du
Tchad. Les chefs d'État de la sous-région qui n'ont pu effectuer le déplacement
de N'Djamena, étaient représentés par des envoyés spéciaux.
Les participants ont donc débattu des sujets liés à
l'intégration régionale à travers les projets de création d'une zone de libre
échange et de libre circulation des personnes et des biens. Ils se sont
également penchés sur les questions de sécurité dans la sous-région, notamment
en RCA, en RD Congo et au Burundi où la rébellion de l'Armée de résistance du
seigneur (LRA) de Joseph Khony écume les forêts de ces trois pays.
Les chefs d'État et de gouvernement ont également examiné,
entre autres, les questions relatives à la caducité des mandats au niveau du
secrétariat général ; l'absence de budget de l'institution depuis deux ans ; le
non versement, à échéance, des cotisations par les pays membres ; et le
ralentissement de l'activité des organismes spécialisés. Autant de maux qui
minent le fonctionnement idoine de la CEEAC.
En dépit des avancées enregistrées en 2009, la conférence a
noté des « divergences persistantes » entre l'Union européenne et
l'Afrique centrale au sujet de l'Accord de partenariat économique (APE). En
conséquence, elle a instruit les ministres en charge des APE de la configuration
régionale, de tenir dans les meilleurs délais une réunion pour « donner les
nouvelles orientations aux négociations ». Pour garder l'esprit du
dialogue, il est envisagé une réunion de la Troïka ministérielle CEEAC-UE au
premier semestre de cette année, après la première tenue en novembre
2008.
Les dirigeants de l'espace communautaire se sont en outre
penchés sur le partenariat entre l'Inde et la CEEAC. À ce sujet, quatre
institutions à caractère régional ont été offertes par le gouvernement de
l'Inde : le Laboratoire d'analyse des matériaux de construction (Cameroun) ; le
Centre d'exploitation agricole (Centrafrique) ; le Centre de production des
semences (Congo) et le Laboratoire d'analyse des sols, des eaux et culture de
tissus végétaux (RDC).
L'ouverture de la session a été ponctuée par plusieurs
allocutions dont celle du président tchadien qui a invité ses pairs au
ressaisissement pour que l'intégration sous-régionale devienne un
« impératif et la seule issue permettant de nous arrimer à la
mondialisation ». Ensuite, il a exhorté ses homologues à l'abandon de
l'égoïsme et du nationalisme au profit d'une « politique volontariste
d'intégration au bénéfice des populations ». Enfin, il a invité les chefs
d'État de la sous-région à une mutualisation des potentialités économiques et
humaines pour bâtir un véritable espace économique intégré.
Auparavant, le secrétaire général de la CEEAC, Louis Sylvain
Goma, avait fait un discours bilan des activités de l'institution couvrant la
période allant de 1999 à 2011. Il a dit sa satisfaction de voir la CEEAC
prendre, peu à peu, son envol en devenant « le référentiel de la coopération
internationale et du développement ».
Il a toutefois déploré le laxisme des États à rendre
opérationnels les mécanismes de financement du processus d'intégration, la libre
circulation des biens et des personnes ainsi que la zone de libre change. Il en
a appelé à l'application rigoureuse des décisions prises par des instances
dirigeantes de la communauté. « La marche du monde ne laisse pas de place à
ceux qui indéfiniment prennent du retard », a-t-il avancé.
À l'issue des travaux, le président tchadien Idriss Deby Itno a
été reconduit à la tête de l'institution pour une année supplémentaire. Tandis
que Louis Sylvain Goma dont le mandat au secrétariat général de la CEEAC était
arrivé à terme, a été remplacé par Nassour Guelengdouksia.
Enfin, pour le service rendu à l'institution pendant plus d'une
décennie, Louis Sylvain Goma a été élevé au grade de commandeur de l'Ordre
national tchadien. La décoration lui a été décernée par le président Idriss Deby
Itno, hôte du sommet. La conférence a remercié le secrétaire général sortant
pour « l'engagement avec lequel il a assumé ses hautes fonctions »
depuis 1999. Louis Sylvain Goma restera néanmoins au poste de secrétaire
général de la CEEAC jusqu'à la passation de service avec son
successeur.
De retour de N'Djamena où il faisait partie de la délégation
congolaise au 15e sommet de la CEEAC, le ministre des Finances, du
Budget et du Portefeuille public, Gilbert Ondongo, a animé le 16 janvier une
conférence de presse sur les conclusions de ces assises. Il a notamment déclaré
que « la CEEAC concrétisera cette année sa politique d'intégration régionale
à travers la libre circulation des personnes et des biens ».
En rappel, la CEEAC a été créée en octobre 1983 et regroupe
aujourd'hui 10 pays (11 à sa création). Les États membres sont l'Angola, le
Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la RD Congo, le Gabon, la Guinée
Équatoriale, Sao-Tomé et Principe et le Tchad.
Par Jrang An@go.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire