Dans deux ou trois mois, la fébrilité constatée ces
derniers temps au sein de l'arène politique congolaise, consécutive à la tenue,
cette année, des élections législatives, va redoubler d'ardeur. Les réunions
politiques se multiplieront, les futurs candidats seront de plus en plus
présents sur le devant de la scène, leurs discours épouseront l'air du temps et
personne ne peut prévoir, aujourd'hui, l'ampleur des batailles que les uns et
les autres mèneront pour soit conquérir une circonscription électorale, soit s'y
maintenir.
Sans exagération aucune, l'on approche presque de l'« heure grave » dont
parlait le vieux Hyacinthe Bakanga lors de la Conférence nationale souveraine.
Les leaders des partis les plus en vue ont, en effet, conscience que les
élections de cette année et subsidiairement les locales de 2013 constitueront la
dernière ligne droite avant la très convoitée présidentielle de 2016, bien que
lointaine.
Au demeurant, le gouvernement et les partis politiques ont bien fait de
baliser la voie en organisant, il y a quelques semaines, à Ewo, dans la
Cuvette-Ouest, une concertation « préélectorale » fort appréciée.
Mais il n'est pas certain que le problème ait été résolu au vu des
comportements qu'affichent les candidats et leurs organisations politiques dans
ce qu'il est convenu d'appeler leurs fiefs électoraux. Des barricades
expressément montées sur une route menant à telle localité pour en empêcher
l'accès à un adversaire ou encore la destruction systématique des affiches et
banderoles appartenant à autrui font partie des intolérances qui meublent le jeu
démocratique congolais en période électorale.
Comment alors limiter les dégâts de ces faits qui pourront encore se produire
dans quelques mois ? À côté des recommandations des retrouvailles d'Ewo dont
chacun espère que leur application intégrale mettra un terme à toutes les
polémiques qui décrédibilisent souvent l'ensemble du processus électoral, ne
devrait-on pas songer à quelque chose comme un code de bonne conduite ?
C'est-à-dire une approche par laquelle les futurs candidats, leurs états-majors
politiques et leurs bases militantes s'abstiendraient de tout comportement qui
serait de nature à nuire à la liberté d'aller et venir des concurrents sur le
territoire national.
Il est vrai qu'en régime démocratique lorsqu'une élection majeure (une
présidentielle ou des législatives) est précédée parde tels arrangements, c'est
qu'il y a problème.
Or le problème de la jeune démocratie congolaise, soumise depuis son
avènement il y a deux décennies à des conflits fratricides, serait justement de
faire l'économie de telles précautions vu le niveau de formation des militants
politiques. Pourquoi le disons-nous ? Parce qu'ici et là, déjà, la mobilisation,
pas toujours saine, des partisans a commencé dans les « fiefs », ces villes et
villages souvent privés du minimum mais qui sont, en revanche, pris en otage par
des acteurs qui veulent régenter le penser et le vivre de leurs
compatriotes.
Nuançons néanmoins notre propos : il est possible qu'un parti ou un leader,
par sa pratique et son charisme, ne trouve pas de concurrent dans telle ou telle
localité. Il est possible que tel candidat du Parti congolais du travail soit
reconduit une fois, deux fois, trois fois ici ; que tel autre candidat de
l'Union panafricaine pour la démocratie sociale revienne toujours là avec succès
; que tel candidat du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement
intégral soit élu et réélu chaque fois dans une même circonscription. Il y aura
problème lorsque dans les mêmes circonstances, le PCT, l'Upads, le MCDDI,
l'UDR-Mwinda, le RDD, le RDPS, le MAR, le Club-2002-PUR, le MSD, l'UPRN, le PSDC
ou le RFD, l'UPDP et quoi encore, interdiront à un concurrent d'y tenir un
meeting ou même de boire de l'eau.
Par les temps qui courent, retenons que du « bétail électoral » n'est pas
toujours à portée de main.
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