Après son dernier roman
Inassouvies, nos vies, Fatou Diome, profitant de l'événement mondial
consacré aux livres nous a dévoilé le contenu de Elles attendent
(Flammarion, août 2010). Enseignante en littérature à l'université de
Strasbourg, l'auteur a répondu aux questions de son interlocuteur Yvan
Amar
L'ensemble des thématiques auxquelles l'auteur fait référence dans son
ouvrage traite essentiellement des questions de la réalité quotidienne, dont
toutes ont un lien étroit avec le visage du continent africain. Si l'une tente
difficilement de répondre à la question de savoir comment vit une femme dont le
mari réside à l'étranger, l'autre par contre cherche à démontrer une
inadéquation des pratiques anciennes à la réalité d'aujourd'hui. Pour illustrer
ces propos, Fatou Diome prend appui sur la question de la polygamie en
Afrique.
Lorsqu'un mari ou un fils quitte son pays pour « aller chercher » à
l'étranger, il laisse le plus souvent derrière lui une famille décomposée,
surtout lorsque la date du retour n'est pas connue. Pas de date de retour à
l'horizon... Comment vit une mère ou une femme qui ne sait pas quelle est la
date de retour de son fils ou de son conjoint ? Comment vivre lorsqu'on ne sait
pas où il vit ?, se demande-t-elle. Certes, ce terme est assez fréquent dans la
littérature française.
Il y a donc une sorte de décomposition familiale. « On n'attire pas une
chèvre avec la calebasse », laisse entendre Fatou Diome. Rares sont ceux
qui reprennent le chemin du retour. Mais ce geste n'est pas en soi réjouissant,
car l'homme du retour n'est plus souvent le même, parce que durant toute la
période de son long voyage à l'étranger (l'auteur faisant référence à l'Europe),
il a été en contact avec d'autres. L'essentiel de ce passage met par conséquent
en avant une nostalgie chez les femmes, les laissant dévastées par la solitude
et le désespoir.
« La littérature est une machine de
poésie, pour dire ce qui tient à cœur, mais aussi de dénonciation »,
affirme Fatou Diome. La vocation de l'engagement devient donc une composante
intégrante de la littérature d'aujourd'hui. Hier source d'équilibre social et de
développement de la communauté, la polygamie est devenue aujourd'hui cause de
discorde dans les familles, dont la chef assiste de son vivant à la dislocation
de sa maison.
Elle oblige les enfants à réussir là où leurs parents ont échoué. Pis, ces enfants qui réussissent difficilement prennent en charge une partie de la fratrie, ils aident leur père à l'entretien de la famille. « L'Afrique d'hier n'est plus celle d'aujourd'hui », ajoute-t-elle. Jadis, un homme pouvait avoir deux, trois, quatre femmes et plusieurs enfants. Ce modèle devenant de plus en plus archaïque pèse lourdement sur le développement des sociétés africaines. Elle devient cause de toutes les crises et des drames de la vie.
Elle oblige les enfants à réussir là où leurs parents ont échoué. Pis, ces enfants qui réussissent difficilement prennent en charge une partie de la fratrie, ils aident leur père à l'entretien de la famille. « L'Afrique d'hier n'est plus celle d'aujourd'hui », ajoute-t-elle. Jadis, un homme pouvait avoir deux, trois, quatre femmes et plusieurs enfants. Ce modèle devenant de plus en plus archaïque pèse lourdement sur le développement des sociétés africaines. Elle devient cause de toutes les crises et des drames de la vie.
Soyons parfaitement clairs : il n'y a pas de rejet de valeurs
africaines. Certes, on retrouve la notion de richesse et de fierté communautaire
lorsqu'on a beaucoup d'enfants. Mais la tragédie humaine n'intervient que
lorsqu'il faut faire face à un nombre infini d'enfants affamés, mal logés,
n'ayant pas été scolarisés, voués au désespoir et au despotisme ainsi qu'aux
malheurs de tout genre. La réalité ne dit pas le contraire ! Mettons donc en
place un modèle radicalement nouveau.
Lambert Issaka
Par Jrang An@go.
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