Le spécialiste de la mode congolaise de la génération montante a
annoncé la présentation officielle dans les prochains mois, à Brazzaville, de sa
collection en chantier intitulée « Tentation »
Djibril Kachidi a récemment créé la sensation à Kinshasa (RDC) avec ses
créations « Divinity ». Mais, selon lui, sa nouvelle collection, « Tentation »
traduit « l'étape de l'immaturité à la maturité. On ne peut pas prétendre
devenir mature sans frôler la tentation », explique-t-il. Doué d'un talent
qui force le respect, Djibril Kachidi soutient que le corps de la femme est une
arme secrète qui lui permet d'attirer pour créer l'envie. « Par cette arme,
la femme peut avoir sa stabilité. Dieu est l'auteur de cette arme que nous
appelons la tentation », poursuit-il.
À travers ses nouvelles créations, Djibril Kachidi estime donc approcher la
maturité. « Il arrive qu'on cède à la tentation à cause de notre faiblesse.
C'est dans la faiblesse que l'on devient fort », ajoute l'artiste.
Convaincu que les premiers stylistes au monde étaient des Africains, hélas,
l'Afrique ne parvient pas à faire vivre son stylisme, n'en tirant aucun profit.
« Pourtant, le styliste est un opérateur économique et peut jouer un rôle
important dans le processus de développement d'un pays », indique Djibril
Kachidi.
L'homme étant le reflet de son milieu, il doit vivre en parfaite harmonie
avec la nature. « Le stylisme pour moi c'est une passion. Toutefois, lorsque
ce feu brûle en moi, j'ai envie de m'exprimer. Ces derniers temps, je m'exprime
sur le cubisme, c'est-à-dire, des figures géométriques mélangées pour donner une
quelconque image, ainsi que l'a fait Picasso », souligne le styliste.
Travailler sur le cubisme pour lui, c'est vouloir cacher un message dans
l'abstrait.
Pour exprimer ses états d'âme, Djibril Kachidi, au cours du défilé de mode
organisé en marge des festivités des cinquante et un ans de l'indépendance
congolaise à Ewo, avait présenté sa collection « Dépassement ». Et de faire
remarquer : « Dépassé par les événements que j'ai vécus moi-même, c'était
peut-être un message pour l'ensemble de la communauté que j'avais exprimé à
travers ma création. Au regard de ce que nous connaissons avec le sinistre de
Mpila, beaucoup disent aujourd'hui être dépassés. »
Aujourd'hui, l'ambition de Djibril Kachidi est de faire asseoir le stylisme
au Congo afin de persuader le monde extérieur que les Congolais sont capables de
créer la sensation. Le problème à son avis reste le fait que les stylistes et
modélistes congolais ne sont pas animés par les mêmes motivations.
« L'argent est un mauvais ami lorsqu'on le place avant toute chose, il tue
l'art. Il vaut mieux qu'il accompagne toute initiative pour réussir, plutôt que
de le placer avant », déclare-t-il.
L'art étant une vision, c'est à travers les vêtements que ce styliste
congolais exprime ses pensées pour avoir étudié les couleurs. « Dis-moi ce
que tu portes et je te dirai ce que tu es, tel est mon devoir. Je peux à travers
les couleurs lire ce qu'est la personne. Or, souvent nous arborons les couleurs
sans le savoir, alors que cela interprète notre façon de voir », précise
Djibril Kachidi. Laisser à la postérité la griffe qui porte son nom, tel est le
rêve prémonitoire de Djibril Kachidi.
Jean Dany Ebouélé
Par Jrang An@go.
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