Photo 1 : A l'occasion du centenaire de la naissance de Léon Gontran-Damas, les participants ont rendu hommage à l'un des pères fondateurs de la négritude Photo 2 : Pour Daniel Maximin, ici avec Jean-Luc Aka-Evy, Léon-Gontran Damas était l'incarnation même du poème Photo 3 : Pour Eli Stephenson, Léon-Gontran Damas était avant tout un Africain
2012 est l'année des célébrations
du centenaire de la naissance du poète guyanais Léon-Gontran Damas. Au cœur du
salon du livre de Paris 2012, le stand Livres et Auteurs du bassin du Congo a
rendu hommage à l'un des pères fondateurs de la négritude à travers la parole de
Daniel Maximin, Daniel Delas, Élie Stephenson et de celle de Jean-Luc Aka
Evy
La poésie de Damas célèbre sans cesse la liberté de vivre. De ce fait, le
poète guyanais apparaît aux yeux de Daniel Maximin, qui connaît par cœur
l'ensemble de ses poèmes, l'incarnation même du poème. Ainsi le romancier et
essayiste martiniquais affirme que le poète guyanais a vécu entièrement par et
pour la poésie à travers lequel il a traduit ses angoisses et ses espérances. Il
avait peu de moyens pour tellement de douleurs. Son histoire montre combien sa
parole et sa respiration ont a été empêchés : il devient muet à l'âge de six ans
et meurt à soixante-six ans d'un cancer à la langue.
Il était dans le vœu de silence, mais à
cause de son souci de médiation il est devenu un commis voyageur en passant sa
vie à faire des anthologies et à explorer tous les recoins du monde noir pour
ramener une parole et pour montrer une dignité de l'histoire. Ainsi sa poésie
prend les choses mot à mot en plaçant le mot dans un écrin comme une pierre
précieuse.
Après avoir évoqué le souvenir de sa rencontre avec Léon-Gontran Damas, Élie
Stephenson, qui fut l'ancien président des étudiants guyanais à Paris, se
réjouit de l'hommage que l'Afrique rend à Damas sur le stand du Bassin du Congo.
Selon lui, Damas était avant tout un Africain. Il se définissait comme un
Afro-Guyanais. Pour les Guyanais, la figure de Damas est un repère. Il est
l'aîné qui a laissé un mot d'ordre de dignité et un sens très profond de la
justice. Son mérite est aussi d'avoir proposé une poésie qui ne concerne pas que
les nègres. Il reprend dans son œuvre les problématiques de la souffrance de
tous les opprimés, y compris le prolétaire européen. Pour Daniel Delas,
Léon-Gontran Damas est à part et mystérieux. S'il agace, c'est parce qu'il n'a
pas de point de fixation et est insaisissable.
Damas à l'ombre de Césaire et
Senghor ?
Le peu de visibilité de Damas, explique Élie Stephenson, étonne parce qu'il
est le premier à avoir publié et à lancer un cri nouveau. Mais ces textes sont
d'une poétique dérangeante. Sa parole dangereuse n'est pas acceptée par les
tenants du système et son côté trublion va sans cesse poser problème. Cela dit,
confie Daniel Maximin, sa fraternité avec Césaire et Senghor était au-delà des
théories de la négritude. Ce qui le liait à ses compagnons était le désir de
sortir du mutisme pour que chacun dise sa réalité. De ce fait, pour dire
l'espérance de la fraternité ils osaient dire leurs malheurs propres.
Par Jrang An@go.
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