De temps en temps, la question de l'immigration en Italie
resurgit par le côté de son incidence économique. Partisans et opposants à la
régularisation du statut des clandestins avancent leurs arguments. Les uns
estiment que les immigrés sont le seul atout de la péninsule pour équilibrer ses
comptes de sécurité sociale à terme. Les autres soutiennent qu'en attendant, un
étranger « coûte » à l'Italie avant de lui « rapporter » : il lui faut une
maison, se soigner, de la place à l'école pour ses enfants, des postes de
travail aussi. Les arguments des uns et des autres sont poussés à l'avant-scène
au gré de l'actualité, ou ravalés dans l'arrière-cour de ces temps de crise.
L'Institut italien de la statistique vient, par un récent
rapport, départager tout le monde. Le tableau qu'il donne à voir de la situation
démographique montre en effet que les Italiens vivent de plus en plus vieux : 1
sur 6 est aujourd'hui âgé de 80 ans et plus. C'est un signe indéniable de bonne
santé. Mais le nombre de mariages diminue et, consécutivement, celui des
naissances. Large proportion de divorces aussi dans un pays où l'on continue
pourtant de s'imposer le passage devant Monsieur le curé comme premier acte de
formalisation d'une union. Avec plus de 60 millions d'habitants la population
italienne donne des signes d'essoufflement. Le solde naissances-décès se tasse à
+ 286 000 par année.
Et encore ce solde n'est-il positif que parce qu'il repose sur
les naissances dans la communauté des étrangers, avertit l'Istat. Le flux
migratoire neutralise le solde négatif, mais il n'est pas dit qu'il en sera
toujours ainsi, notent les experts. Aujourd'hui, 6 Italiens sur 100 sont vieux,
mais 6 Italiens sur 100 sont également des ressortissants étrangers déjà à l'âge
de la soixantaine. Ce constat est tempéré par des disparités. La tendance au
vieillissement et au ralentissement des naissances semble davantage toucher les
régions du sud de l'Italie, pourtant longtemps présentées comme les plus
prolifiques. Et puis, sur une échelle européenne, l'Italie n'est pas le pays le
plus vieillissant du continent puisqu'elle ne vient qu'après l'Allemagne et
qu'elle est talonnée par la Grèce, autre pays du Sud.
La démographie de demain passe par l'immigration, notamment
africaine. Près de 4,5 millions d'étrangers représentent bien 7% de la
population italienne. La première communauté étrangère est marocaine, mais bien
vite suivent les Nigérians et les ressortissants de la République démocratique
du Congo. Les femmes africaines intégrées présentent un taux de fécondité de
l'ordre de +1,9 enfant par femme (contre une moyenne générale de +1,4). Demain,
donc, l'Italie sera de plus en plus multiculturelle, multiraciale et
multi-religieuse. C'est sur les enfants étrangers nés en 2011 que reposera le
financement du régime des retraites en 2020. Droite et gauche, souvent jouant de
démagogie, s'opposent sur l'intégration ou non des enfants immigrés. L'Istat
vient rappeler que le choix est bien limité : la population vieillissant dans ce
pays qui ne compte qu'un seul député d'origine étrangère (l'Italo-Congolais
Jean-Léonard Touadi), le futur ne sera pas idéologique mais de simple réalisme
économique.
Lucien Mpama
Par Jrang An@go.
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