Le dossier déjà ficelé par l'opposition, avec de
nombreux cas précis d'irrégularités, devrait en constituer le
sous-bassement.
Responsable d'International Crisis Group (ICG) pour l'Afrique
centrale actuellement en poste à Kinshasa, Thierry Vircoulon estime qu'il
faudrait « une contre-expertise des résultats par un tiers indépendant »
afin de rassurer tout le monde quant au verdict des urnes ayant sanctionné
la présidentielle de novembre. Selon cet expert cité par
« Afrikarabia », cette approche devrait garantir la transparence de
l'élection présidentielle et atténuer les effets de la contestation. Pour
matérialiser ce qui n'est à ce stade qu'un simple vœu, il pense que la position
américaine pourra peser dans la balance, y compris la grosse pression politique
extérieure pouvant éventuellement s'exercer sur le président déclaré réélu,
Joseph Kabila. Thierry Vircoulon ne se fait pas d'illusion et sait que les
choses ne seront pas aussi simples qu'elles paraissent. Ce n'est pas si sûr,
dit-il, de mettre au pas les Américains, l'Union européenne et l'Union africaine
et les amener à avoir une lecture commune des faits.
Alors que l'opposition continue à réclamer la présence d'une
équipe internationale des vérificateurs afin de confronter ses résultats à ceux
de la Céni, Thierry Vircoulon demeure cependant perplexe sur les termes de
référence d'une telle démarche. « La question est de savoir quelle
organisation peut faire cela», s'est-il interrogé. « Les partis
politiques d'opposition peuvent le faire mais il serait intéressant qu'une
expertise soit réalisée par un tiers indépendant », a-t-il indiqué en
pensant notamment au centre Carter et à d'autres organisations spécialisées dans
les élections.
Quant à la réalisation proprement dite de cette
contre-vérification des résultats, l'expert de l'ICG note que ce n'est pas très
compliqué. « Il ne s'agit évidemment pas d'aller recompter tous les
bulletins de vote », a-t-il nuancé tout en précisant que le gros dossier
déjà échafaudé par l'opposition sur le sujet, avec de nombreux cas précis
d'irrégularités, pourrait en constituer le sous-bassement. Il estime, néanmoins,
la démarche très compliquée politiquement dès lors que « le gouvernement
joue beaucoup sur la montre en espérant que la contestation va diminuer ».
Une telle action, pense-t-il, risquerait d'exacerber une tension politique déjà
perceptible dans un contexte où « l'opposition cherche une stratégie pour
rebondir ».
Thierry Vircoulon se montre, par ailleurs, très sceptique quant
à la suite des évènements. « Si, actuellement, la situation sécuritaire
semble tenue, l'année 2012 ne s'annonce pas bien en RDC. Les processus
électoraux bâclés qui aboutissent à une impasse politique, on voit ce que cela
donne au Burundi aujourd'hui et en Centrafrique. S'il n'y a pas de problèmes
tout de suite, il y en aura plus tard », a-t-il conclu.
Par Jrang An@go.
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