mardi 29 décembre 2015

Coopération Congo - Banque mondiale : Le Congo appelé à mieux gérer son épargne

La représentation de la Banque mondiale a présenté, lors d’un atelier conjoint avec le gouvernement, représenté par le ministre Léon-Raphaël Mokoko, le mardi 15 décembre 2015, à l’hôtel Ledger Plaza, à Brazzaville, la deuxième édition du rapport de suivi de la situation économique et financière du Congo, sur le thème: «En route vers le développement: coussin de sécurité budgétaire dans un contexte de volatilité du prix du pétrole».

Présenté par Djibrilla A. Issa, représentant de la Banque mondiale au Congo, ce rapport contient une analyse très poussée de la gestion publique congolaise et propose des critères de gestion de l’épargne, par la formation d’un coussin de sécurité budgétaire face à la volatilité des prix du pétrole dont l’Etat congolais tire l’essentiel de ses revenus.

La deuxième édition du rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo, élaborée par la Banque mondiale, est un véritable instrument d’analyse et de prospective économique du pays. Il est indispensable à tout décideur public et tout opérateur économique voulant bien comprendre la réalité économique et financière congolaise. Afin de prendre des décisions pertinentes.

Sa présentation s’est faite, lors d’un atelier présidé par Léon-Raphaël Mokoko, ministre du plan et de l’intégration. En présence de son collègue Bruno Jean-Richard Itoua, ministre de la recherche scientifique et de l’innovation technique. L’atelier a réuni un grand nombre d’acteurs de développement, venus des administrations publiques, du secteur privé, de la société civile et des universitaires. Ceux-ci ont échangé sur la situation économique du Congo. La publication de ce rapport vise à stimuler un dialogue constructif sur les politiques publiques entre la Banque mondiale, les autorités du pays, ainsi qu’avec l’ensemble des acteurs économiques. 

Le rapport comporte deux parties: la première porte sur «l’économie congolaise: évolution récente et perspective»; la deuxième partie est intitulée: «Gestion macro-économique et financière de la volatilité et de l’incertitude des ressources pétrolières au Congo». 
Selon ce rapport, l’économie du Congo a connu une forte croissance, en 2014. «Entre 2012 et 2014, le taux de croissance a été, en moyenne, de 4,5%. Mais, cette croissance n’a pas contribué à atteindre les objectifs du P.n.d (Plan national de développement 2012-2016). En 2015, l’économie congolaise devrait subir un fort ralentissement de son rythme de croissance», prévue à 1,3%. «Par contre, au cours des années 2016-2017, la croissance économique annuelle pourrait être plus forte. La croissance pourrait s’établir à 3,5%, en 2016, et à 5,7%, en 2017».

Mais, le Congo connaît, aussi, une gestion paradoxale. «Pendant plus d’une décennie, le pays a réalisé des excédents budgétaires, mais le Trésor public semble dans l’incapacité de payer les factures à temps. Les données des rapports de la Cour des comptes et de discipline budgétaire et des Tofe (Tableaux des opérations financières de de l’Etat) montrent que le pays a enregistré des excédents budgétaires sur les années 2003-2013 et procédé à l’accumulation des arriérés, entre 2004 et 2014. Les arriérés du secteur privé créent des contraintes sur la productivité et la survie des Petites et moyennes entreprises et des Petites et moyennes industries locales. Quelques entreprises du B.t.p (Bâtiments et travaux publics) ont ainsi été contraintes de se déclarer en cessation d’activités. Un audit de la gestion des arriérés au niveau du Trésor public semble, aujourd’hui, nécessaire», souligne le rapport.

Les excédents budgétaires ont permis la réalisation d’une importante épargne. «L’Etat congolais aurait épargné environ 5.500 milliards de francs Cfa», estime le rapport. 1.300 milliards, à la B.e.a.c (Banque des Etats d’Afrique centrale), et le reste, à Exim-bank, en Chine. Mais, le rapport avoue ne pas savoir, réellement, le niveau des fonds congolais, dans cette banque chinoise, faute d’information.
Face à cela, la Banque mondiale conseille au Congo d’établir un bon coussin de stabilisation, de se doter d’institutions financières bien conçues, «pour établir et maintenir des politiques budgétaires saines, la transparence budgétaire et la bonne gouvernance et créer un fonds unique englobant les portefeuilles de stabilisation et d’épargne».

Djibrilla A. Issa a rassuré: «La Banque mondiale va toujours accompagner le Congo.  Nous apprécions, à juste titre, et  encourageons la décision du gouvernement de mettre en place un fonds souverain. Nous souhaitons que tous ces efforts soient aussi  accompagnés de l’adoption de la loi sur la transparence et la responsabilité financière, actuellement en cours. Dans ce contexte tendu des finances publiques du Congo, la Banque mondiale confirme son engagement à soutenir le pays dans la mobilisation des financements supplémentaires, qui pourront servir à renforcer les capacités du pays à moderniser la gestion de ses finances publiques, et aussi à conduire le secteur hors-pétrole à accroitre davantage sa contribution à la croissance». 
Cet engagement est, selon le ministre Léon-Raphaël Mokoko, encouragé par le gouvernement de la République du Congo. «Ce deuxième rapport est intéressant, dans la mesure où il fixe l’utilité des débats en cours sur les hypothèses des choix à opérer et éclaire les décisions sur la politique en matière des finances publiques», a-t-il dit, à l’ouverture des travaux. 

Après l’adoption de la loi de finances 2016 par le parlement, le gouvernement devrait mettre à profit ce rapport, pour orienter, réellement, l’économie congolaise vers sa diversification, même si les perspectives du secteur pétrolier sont bonnes en termes de production, pour compenser la chute du prix de baril de pétrole. Le Congo ne doit jamais perdre de vue qu’il est appelé à préparer l’après-pétrole.

Par Jean Raymond Angonga 
Alias Jr LesCloches.

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