vendredi 16 décembre 2011

Situation postélectorale : Un expert suggère une contre-expertise des résultats de la présidentielle

Photo : Thierry Vircoulon


Le dossier déjà ficelé par l'opposition, avec de nombreux cas précis d'irrégularités, devrait en constituer le sous-bassement.
Responsable d'International Crisis Group (ICG) pour l'Afrique centrale actuellement en poste à Kinshasa, Thierry Vircoulon estime qu'il faudrait « une contre-expertise des résultats par un tiers indépendant » afin de rassurer tout le monde quant au verdict des urnes ayant sanctionné la présidentielle de novembre. Selon cet expert cité par « Afrikarabia », cette approche devrait garantir la transparence de l'élection présidentielle et atténuer les effets de la contestation. Pour matérialiser ce qui n'est à ce stade qu'un simple vœu, il pense que la position américaine pourra peser dans la balance, y compris la grosse pression politique extérieure pouvant éventuellement s'exercer sur le président déclaré réélu, Joseph Kabila. Thierry Vircoulon ne se fait pas d'illusion et sait que les choses ne seront pas aussi simples qu'elles paraissent. Ce n'est pas si sûr, dit-il, de mettre au pas les Américains, l'Union européenne et l'Union africaine et les amener à avoir une lecture commune des faits.
 
Alors que l'opposition continue à réclamer la présence d'une équipe internationale des vérificateurs afin de confronter ses résultats à ceux de la Céni, Thierry Vircoulon demeure cependant perplexe sur les termes de référence d'une telle démarche. « La question est de savoir quelle organisation peut faire cela», s'est-il interrogé. « Les partis politiques d'opposition peuvent le faire mais il serait intéressant qu'une expertise soit réalisée par un tiers indépendant », a-t-il indiqué en pensant notamment au centre Carter et à d'autres organisations spécialisées dans les élections.

Quant à la réalisation proprement dite de cette contre-vérification des résultats, l'expert de l'ICG note que ce n'est pas très compliqué. « Il ne s'agit évidemment pas d'aller recompter tous les bulletins de vote », a-t-il nuancé tout en précisant que le gros dossier déjà échafaudé par l'opposition sur le sujet, avec de nombreux cas précis d'irrégularités, pourrait en constituer le sous-bassement. Il estime, néanmoins, la démarche très compliquée politiquement dès lors que « le gouvernement joue beaucoup sur la montre en espérant que la contestation va diminuer ». Une telle action, pense-t-il, risquerait d'exacerber une tension politique déjà perceptible dans un contexte où « l'opposition cherche une stratégie pour rebondir ».
Thierry Vircoulon se montre, par ailleurs, très sceptique quant à la suite des évènements. « Si, actuellement, la situation sécuritaire semble tenue, l'année 2012 ne s'annonce pas bien en RDC. Les processus électoraux bâclés qui aboutissent à une impasse politique, on voit ce que cela donne au Burundi aujourd'hui et en Centrafrique. S'il n'y a pas de problèmes tout de suite, il y en aura plus tard », a-t-il conclu. 

                                          Par Jrang An@go.

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