mercredi 30 mai 2012

Paris : séminaire « Energizing Africa » à Sciences-Po

Le Club des avocats d'affaires africains et l'Association Sciences-Po pour l'Afrique ont organisé, le 23 mai, un séminaire autour des défis énergétiques africains et les solutions envisageables pour les relever. Trois tables rondes thématiques successives ont émaillé la soirée
La situation du continent est d'autant plus préoccupante que 500 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité. Or ce continent est aussi celui qui a, de très loin, le taux de croissance démographique le plus élevé au monde. Si l'on ajoute à cela le fait qu'il n'y a pas de production d'électricité adéquate, l'on comprend dès lors la nécessité de transformer ce secteur, ce qui aurait pour effets induits d'améliorer, de façon significative et durable, la croissance économique. Les États ne pouvant financer seuls des projets extrêmement coûteux, il apparaît nécessaire de créer les conditions de viabilité d'un secteur privé dynamique avec ce souci constant : la « bancabilité » des projets.
Trois maux principaux minent le développement du secteur :
- un cadre juridique peu attractif et donc peu propice aux affaires, avec un risque juridique et financier qui a pris le relais du « risque-pays » ;
- l'incongruité structurelle entre la production et la distribution ;
- l'absence d'impulsion politique pour l'existence d'un secteur privé susceptible de contrebalancer un secteur public peu enclin à se réformer.
Sans parler du manque de visibilité dans les capacités de la plupart des pays. Ou encore du manque de viabilité et d'efficacité des projets structurellement trop limités aux États. Dans les politiques énergétiques, la priorité consiste à faire soit le choix d'un développement industriel, soit celui de l'amélioration des conditions sociales avec une très grande démocratisation de l'accès à l'électricité.
La représentante de l'Agence internationale de l'énergie (IEA) - organisme affilié à l'OCDE - a fait le constat que les rapports de coopération avec l'Afrique subsaharienne ne sont pas aussi importants qu'on pourrait l'espérer. Alors que 15% de la population mondiale vit sur le continent africain, il devient urgent de mettre en œuvre des politiques énergétiques susceptibles de relever ces défis pour les pays en développement, et l'IEA serait prête à aider dans ce sens, notamment à travers un financement de l'accès à l'énergie moderne qui est très faible en Afrique. Du coup, la priorité la plus urgente est de réformer l'environnement réglementaire et régulateur du secteur. Une libéralisation progressive paraît tout aussi nécessaire, créant ainsi un système mixte (public/privé) susceptible d'aider au renforcement des capacités de gestion de la production et de la distribution.
Le Maroc et la Tunisie se sont lancés dans le solaire, tandis que la plupart des pays africains viennent d'amorcer la réflexion sur la fabrication de panneaux solaires, notamment avec la Chine comme partenaire. Si les technologies avancent très rapidement dans ce domaine, il reste que les investissements sont extrêmement coûteux.
En Afrique centrale, la présence de réserves importantes en énergie fossile devrait permettre d'engager des politiques de valorisation de la forêt et de l'agro-industrie. Le tout étant de faire des diagnostics assez précis afin d'agir en conséquence. D'où la notion d'efficacité énergétique. L'attitude la plus pragmatique consisterait à maintenir les énergies classiques tout en travaillant au renforcement des capacités de production dans le domaine des énergies renouvelables. Or, la dette liée à l'électrification est assez importante pour décourager les investisseurs. Pour autant, et contrairement aux idées reçues, il existe une très forte demande de régulation, plus qu'il n'y aurait de défaut de financements.
Avec l'exemple du gazoduc en Afrique de l'Ouest, mais aussi celui de l'interconnexion en Afrique orientale et australe, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique a aisément montré comment des logiques transfrontalières pouvaient aider à résorber les problèmes de certains pays. L'avenir serait donc dans les interconnexions et les énergies renouvelables.
Pour résorber les problèmes d'approvisionnement des pays les moins pourvus en Afrique, il faudrait passer d'un tiers à deux tiers de couverture. Dans vingt ans, il faudrait arriver à produire 150 GW/h. Ce qui, tout bien considéré, est largement à la portée du continent, à condition, toutefois, de conduire des politiques susceptibles de corriger les travers pointés plus haut.
Par Jrang An@go.
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