vendredi 10 février 2012

Alexandre Honoré Paka : « Tout le monde doit se soumettre à la loi »

Photo : Alexandre Honoré Paka, préfet du département de Pointe-Noire.


Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, le préfet du département de Pointe-Noire, Alexandre Honoré Paka, revient sur l'application, dans sa circonscription administrative, des mesures prises par le gouvernement, sur la notion de paix et le respect des lois de la République
Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Comment se porte votre département ?
Alexandre Honoré Paka (AHP) : Notre département se porte bien en ce début 2012, dans la mesure où les festivités marquant la fin de l'année se sont bien déroulées et les citoyens vaquent librement à leurs occupations. La quiétude, la paix et la tranquillité des esprits règnent à Pointe-Noire. C'est d'ailleurs ce qu'a reconnu le consul général de France, Patrice Servantie, lors de son discours à l'occasion de la cérémonie des vœux, pour qui la présence massive de 3 500 Français résidant à Pointe-Noire en témoigne.

LDB : Le gouvernement a déclaré 2012 Année de la santé et de l'électricité pour tous. En tant que représentant de l'État à Pointe-Noire, comment comptez-vous mettre en application ces orientations ?

AHP : Le président de la République a pesé sa décision. Ces dernières années, il a déjà pris de nombreuses mesures en matière de santé, notamment la gratuité de la césarienne et de la vaccination des enfants de 0 à 5 ans. Son initiative de faire de 2012 l'Année de la santé rejoint cette préoccupation. Nous, en tant que représentants de l'État, nous ne pouvons que l'accompagner en appliquant sur le terrain les différentes mesures. Aujourd'hui, nous sommes à pied d'œuvre et attendons la mise en place de la fonction publique territoriale. Avec les cadres de la Santé, nous avons prévu d'importantes réunions au cours desquelles nous allons étudier ensemble comment mettre en chantier ces orientations.

LDB : Comment le décret 2011-485 du 20 juillet interdisant la production, l'importation, la commercialisation et l'utilisation des sacs, sachets et films en plastique a-t-il été accueilli dans votre département ?

AHP : Cette décision a été accueillie favorablement. Il faut reconnaître que l'usage des sachets en plastique constituait une véritable nuisance pour l'environnement de la ville. Nous accompagnons cette mesure, qui est entrée en vigueur depuis le 20 janvier, d'un certain nombre des campagnes. Nous organisons, par exemple, le ramassage groupé des sachets dans certaines grandes artères et dans certains quartiers de la ville de Pointe-Noire. Notre objectif est de faire en sorte que les sachets disparaissent totalement de la circulation. Cette décision est pour nous salutaire et permettra à la ville de Pointe-Noire de retrouver son nom de Ponton-la-Belle.

LDB : Le gouvernement a pris d'autres mesures, comme la gratuité des pièces administratives, du dépôt des dossiers aux différents examens d'État, etc. Sont-elles bien appliquées ?

AHP : Depuis le début de l'année, nous avons tenu plusieurs réunions avec les directeurs et proviseurs chargés des questions de l'enseignement. Nous avons discuté, échangé pour voir comment faire respecter ces mesures dans notre département. Concernant le dépôt des dossiers aux examens d'État, j'ai eu une réunion avec les gestionnaires du système scolaire et les promoteurs des écoles privées. Nous nous sommes accordés sur la question afin qu'aucuns frais ne soient plus demandés. Toutefois, quand nous sommes informés que la mesure n'est pas respectée, nous nous rendons sur les lieux pour constater les faits. Le président de la République, en tant que premier magistrat, a décidé de la gratuité : il est normal qu'elle soit respectée. S'agissant des pièces d'état civil, elles doivent être établies et délivrées gratuitement. Nous avons tenu une réunion avec le corps judiciaire, et avons même reçu un délégué de Brazzaville qui a remis les documents à qui de droit en ma présence. Nous n'hésitons pas à interpeller ceux qui ne respectent pas la décision du président de la République. S'ils persistent, nous les traduirons en justice, parce que, sur ce sujet, nous ne devons pas nous résigner.


LDB : Pourtant, cette dernière semaine a été marquée par une énième manifestation des élèves du lycée technique. À quoi était-elle due ?

AHP. Les élèves du lycée technique Poaty-Bernard ont été abusés. Ils ont manifesté leur mécontentement en venant voir l'autorité préfectorale que je suis, pour que cette situation s'arrête. Nous avons organisé une réunion avec les élèves et les administrateurs du lycée technique Poaty-Bernard. Il s'agissait d'un contournement de la mesure par les responsables de l'établissement, qui ne demandaient pas directement des frais de dépôt de dossiers, mais exigeaient d'autres petites taxes : nous avons considéré ces agissements comme déloyaux et nous avons demandé l'arrêt immédiat de ces pratiques. Nous continuerons à conscientiser tous les acteurs qui tentent de ne pas respecter ces mesures, afin qu'à terme, ils se conforment strictement aux lois et règlements de la République.

LDB : Comment avez-vous vécu votre éviction de la tête du Parti congolais du travail (PCT) dans le département de Pointe-Noire ? Vous sentez-vous trahi et frustré ?

AHP : Depuis le dernier congrès du PCT, les choses sont claires : plus de cumul. Les préfets que nous sommes, membres de la direction politique de ce parti, n'avons à nous occuper que des questions administratives. Je ne me suis pas senti trahi ni frustré ; bien au contraire, je vais désormais me consacrer totalement à mes tâches administratives. En tout état de cause, c'est une décision du congrès qui doit s'appliquer sur le terrain.
 
LDB : Avez-vous un message pour les Ponténégrines et Ponténégrins ?

AHP : Mon message porte sur la notion de paix parce que, sans la paix, rien ne peut se faire. Tout ce qui s'est passé dans le pays l'année dernière, notamment avec l'inauguration du premier tronçon de la route Pointe-Noire-Dolisie et le lancement des travaux Dolisie-Brazzaville, c'est grâce à la paix. S'il n'y avait pas la paix, nos partenaires chinois n'auraient pas pu réaliser la grande œuvre de traverser le Mayombe. C'est pourquoi nous devons maintenir et intérioriser ce concept pour comprendre que la paix est synonyme de liberté. C'est cela qui construit le pays et nous ne dirons jamais assez que c'est notre credo. Il y a aussi la question du respect des lois de la République. Nul n'est censé ignorer la loi. Tout le monde doit se soumettre à elle. Par exemple, le respect des heures d'ouverture et de fermeture des bars-dancings, des débits de boisson et autres endroits occasionnant des nuisances sonores, s'impose à tous, car la population doit pouvoir vivre dans un climat apaisé et dans un environnement sain.
Propos recueillis par Bruno Okokana 

                                Par Jrang An@go.

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