mardi 14 février 2012

Politique : le processus démocratique en Afrique apprécié par le professeur Ismaila Madior Fall

Photo 1 : La tribune officielle pendant la conférence internationale.  Photo 2 : Le professeur Ismaila Madior Fall. 
Le Cercle de réflexion Propositions et Initiatives (CRPI) a organisé le 11 février à Pointe-Noire, une conférence internationale sur le processus démocratique en Afrique, animée par Ismaila Madior Fall, professeur agrégé de droit public et de sciences politiques à l'Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar et directeur du Centre de recherche, de documentation et d'études sur les institutions et législations africaines (Credila)


Cette réflexion initiée par le CRPI se justifie au regard des objectifs de ce cercle de réflexion, à savoir : réunir les intellectuels autour des grands sujets d'actualité pour débattre et recueillir de judicieuses réflexions profitables à tous. « Le cercle veut être un espace de réflexion soutenue par une diversité dans la réflexion et la solidarité dans l'objectivité », a déclaré à l'ouverture de la conférence, Claude Abraham Milandou, coordonnateur du CRPI.

Ambroise Bayakissa, deuxième coordonnateur adjoint du CRPI, a présenté l'itinéraire de la conférence qui obéit selon lui à une logique bilancielle vingt ans après l'expérimentation des principes véritablement démocratiques en Afrique, au lendemain des conférences nationales souveraines qui ont donné lieu à l'instauration d'un pluralisme politique dans la plupart des pays africains. L'Afrique a-t-elle fait sienne les principes démocratiques ? Est-ce que les chances de voir l'Afrique devenir véritablement indépendante à courte ou moyenne échéance sont tout aussi certaines que ses perspectives de développement ?


Ces réflexions ont fait l'objet de l'exposé du professeur Ismaila Madior Fall. Après avoir énoncé l'itinéraire de l'installation des régimes démocratiques en Afrique avec les conférences nationales et la conférence de La Baule, la démocratie s'est imposée en Afrique. Ce pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple a eu ses spécificités en Afrique tout en se fondant sur des constitutions ayant pour socle la séparation des pouvoirs. « La démocratie n'est ni importable, ni exportable. Elle s'adapte aux spécificités de chaque société. Autant de démocraties en autant de pays. C'est pourquoi la démocratie américaine n'est nullement comparable à la française encore moins à la britannique ou à l'allemande », a-t-il déclaré. Vingt ans plus tard, le bilan dressé fait état de l'existence de deux tendances. Les pessimistes disent que les malheurs post conférences nationales (guerres, conflits armés,...) viennent de la démocratie tandis que les optimistes pensent que des avancées ont été perceptibles pendant deux décennies en Afrique, à l'instar de la refondation des institutions nationales et l'engagement d'un nouveau type de contrat social.

Toutefois, le professeur Ismaila Madior Fall veut que l'on ne sous-estime pas les insuffisances du système démocratique, avec les menaces culturelles que font peser la misère du peuple. « La démocratie dans la misère entraîne la misère de la démocratie », a-t-il avancé. La démocratie substantielle, avec le non respect des droits humains et individuels sans oublier la faiblesse de la culture démocratique, est aussi une menace. « Les pays africains doivent faire l'effort dans la culture de l'alternance démocratique. Le dirigeant africain doit savoir passer le témoin. Cela doit se faire ni trop tôt, ni trop tard. C'est là qu'intervient le génie politique qui donne aux sociétés la chance d'avoir des leaders facilitateurs à un certain moment de notre histoire. Léopold Sedar Senghor dans les années 80, Nelson Mandela dans les années 90 ou Denis Sassou N'Guesso en 1992, ont été des leaders facilitateurs », a-t-il poursuivi.

Pour le professeur Ismaila Madior Fall, les Africains ont l'impérieux devoir, pour appuyer le processus démocratique, de promouvoir la culture d'évaluation et la mutualisation des expériences. « Il faut évaluer le niveau atteint par les institutions démocratiques et impulser de vraies réformes attendues. Le processus d'évaluation doit être local et endogène. Une véritable évaluation privilégie la réaction et la perception des citoyens. On évalue la citoyenneté, les lois, les droits, la société civile, la participation du peuple », a-t-il renchéri. L'autre domaine à promouvoir est la mutualisation des expériences africaines. « Tous les pays sont dans le processus de démocratisation mais les démocratisations ne sont pas au même niveau », a-t-il conclu.

                              Par Jrang An@go.

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