samedi 18 février 2012

L'Équation africaine, par Yasmina Khadra aux Éditions Julliard

Photo : La couverture de L'Équation africaine. 


Dans son dernier ouvrage, Yasmina Khadra propose un voyage au cœur d'une Afrique orientale aux prises avec ses douleurs, une industrie de l'enlèvement sans précédent, dans un monde fait de violence, de haine, mais aussi d'espoir porté par un peuple qui lutte sans cesse pour sa survie

« Lorsque j'ai rencontré l'amour, je m'étais dit, ça y est, je passe de l'existence à la vie et je m'étais promis de veiller à ce que ma joie demeure à jamais. » C'est ainsi que s'ouvre L'Équation africaine de Yasmina Khadra, dernier livre de la trilogie du « Grand Malentendu », consacrée à notre époque défigurée par le choc des cultures et des mentalités.

Et celui qui veut protéger son amour est Kurt Krausmann, un médecin allemand marié à la belle Jessica depuis une dizaine d'années. « Dix ans d'amour débridé, d'ébats torrentiels et de tendres complicités » jusqu'à ce jour ordinaire où, de retour de son cabinet, Kurt découvre le corps sans vie de son épouse. Comme une âme en peine voulant surmonter son chagrin, le médecin accepte d'accompagner son ami Hans, un riche industriel et un humaniste révéré, veuf lui aussi, aux Comores équiper un hôpital pour nécessiteux.
Comme si le mauvais sort les poursuivait, arrivés au large des côtes somaliennes les deux amis sont attaqués à bord de leur voilier par des pirates. Pris en otages, ils vont vivre leur pire cauchemar dans un monde de soif et d'insolation. Les conditions de détention sont à la limite de l'enfer. La monstruosité de leurs ravisseurs enrage Kurt qui voit son deuil chamboulé par une « bande de dégénérés lâchés dans la nature comme les germes virulents d'une pandémie ». L'auteur décrit un monde où l'impunité règne en maître, où les ravisseurs pratiquent des razzias dérisoires pour survivre.

Yasmina Khadra ausculte ici l'ampleur de ce phénomène dramatique grandissant dans la corne de l'Afrique. Il y raconte comment Kurt et son compagnon survivront, sur les dunes du désert sahélien, à la peur, au vide et à l'attente, après avoir faussé compagnie à leurs ravisseurs ; la découverte du cadavre de Hans, tué lors d'un accrochage entre un détachement de l'armée régulière et les pirates ; puis leur rencontre avec un groupe médical de la Croix-Rouge.
 
Il y a dans ces pages un principe qui relève de la sidération. Celle d'un homme qui découvre sur le tard une réalité qui lui était complètement étrangère. Celle du rescapé, de l'homme plongé au sein d'un environnement géographique et psychologique qu'il ne comprend pas et de celui qui se rend compte de la vulnérabilité du bonheur : « On s'aperçoit que l'on marchait sur un fil en somnambule [...] Ce que l'on a bâti, ce que l'on comptait conquérir, pfuit ! s'évanouit d'un claquement des doigts. »

                              Par Jrang An@go.

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