En vue de favoriser l'accès des démunis à
l'entreprenariat rural, de vastes complexes multi domaines dédiés à la formation
des jeunes et à la production et transformation des produits d'agriculture,
d'élevage et de pisciculture sont en cours de réalisation au Congo
Après les nouveaux villages agricoles, voici les centres
Songhaï. Réalisés par le Projet d'appui à la réinsertion socioéconomique des
groupes défavorisés (Parsegd), ces centres sont inspirés de l'expérience
béninoise où le centre Songhaï est basé à Porto-Novo.
Le premier d'entre eux au Congo a été visité le 21 janvier
dernier par la ministre des Affaires sociales, de l'Action humanitaire et de la
Solidarité, Émilienne Raoul. Il se trouve à Louvakou, le chef-lieu du district
du même nom situé à 28 kilomètres de la ville de Dolisie, dans le département du
Niari. Sur place se déploie une intense activité. Une étendue de 200 hectares
est attribuée au projet qui entend y développer des activités d'élevage, de
maraîchage, de pisciculture, et surtout la formation de potentiels entrepreneurs
ouvriers agricoles.
Au total, 17 lots composent les marchés offerts pour la
réalisation du complexe. Des appels d'offres ont été lancés, mais la Banque
africaine de développement (BAD), partenaire financier du projet, et la partie
congolaise n'ont été convaincus à ce jour que par trois propositions. D'où
seulement trois lots qui sont en cours de finition. Ils préfigurent déjà la
grandeur de l'ouvrage.
Une étendue de 38 hectares est mise en valeur depuis le mois de
juillet 2011. La partie maçonnerie présente déjà de vastes bâtiments pour
l'élevage des porcs, des aulacodes (sibissi) et des moutons qui touchent à leur
achèvement. Ainsi que des dortoirs à raison de deux pour les filles et deux pour
les garçons, quatre salles de formation, un bâtiment d'intendance et de contrôle
qualité, un bâtiment de transformation des fruits et légumes, un abattoir, un
réfectoire, ainsi que d'autres bâtiments abritant l'administration, les
logements des responsables et la salle de conférence.
Par ailleurs, sur un hectare, les équipes à l'œuvre plantent
depuis quelques mois, courgettes, carottes, choux, haricots verts, concombres,
soja et poivrons qui poussent à l'envie. Une clientèle venue de Dolisie et même
des grandes enseignes de Brazzaville frappent déjà aux portes, sans oublier les
étangs déjà amorcés et qui n'attendent que leurs premiers
alevins.
Pour toutes les activités envisagées (maraîchage, pisciculture,
transformation agroalimentaire, production mammifère, artisanat muni industrie,
abattage et commercialisation, approvisionnement, etc.), des spécialistes ont
déjà été formés à l'école du Songhaï béninois. Ce sont eux qui tiennent les
premiers essais flatteurs sur le terrain. « Ces jeunes responsables et
animateurs vont en encadrer d'autres qui seront recrutés parmi les plus
défavorisés ; ceux qui n'ont aucun métier, mais qui ont la volonté de sortir de
la précarité dans laquelle ils vivent », a martelé Émilienne
Raoul.
La ministre a surtout insisté sur la particularité de ce projet
destiné à faire des personnes démunies, les entrepreneurs agricoles de demain.
Les circonscriptions d'action sociale sont mises à contribution pour le choix
des bénéficiaires de ce projet qui, rappelons-le, appuie également les
bénéficiaires dans le financement de leurs projets. Le centre Songhaï de
Louvakou est déjà financé à près de 605 millions de FCFA par la BAD, à la faveur
des trois premiers lots exécutés ; en attendant l'attribution des marchés qui
suivront.
Pour la partie nord du Congo, une expérience similaire se met
en place au village Otsendé, à mi-parcours entre Oyo et Owando sur la Route
nationale 2. Le ministère des Affaires sociales, tutelle du Parsegd, entend par
la suite passer le témoin à d'autres institutions qui poursuivront la gestion
des centres Songhaï. « Notre travail consiste seulement à mobiliser les
fonds pour appuyer les projets des personnes en difficulté. Et chacun dans ses
compétences (les départements ministériels, ndlr) vient travailler dans
le cadre du projet », a précisé la ministre.
À Louvakou, le projet Songhaï a visiblement suscité un accueil
enthousiaste. « Nous encourageons ces initiatives et c'est pour cela que
nous cédons les terres gratuitement. Après tout c'est le district qui en tire le
plus grand profit. Déjà, tous les jeunes qui travaillent comme manœuvres dans
les sociétés qui construisent le centre, sont des enfants de Louvakou »,
s'est réjoui le sous-préfet de ce district, Charles Fromageond. Le district de
Louvakou abrite également la société Congo Agriculture, mise en place par les
fermiers sud-africains à Mololo 2, une localité située à une vingtaine de
kilomètres du chef-lieu du district.
Reportage de Thierry Noungou
Par Jrang An@go.
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