De retour d'Addis-Abeba, en Ethiopie, où il a participé
au 18e sommet de l'UA tenu du 29 au
30 janvier, le chef de l'État congolais s'est prêté aux questions des
journalistes. Il a édifié l'opinion sur les conclusions de cette grand-messe. Il
a souligné que le fait de n'avoir pas pu départager les deux candidats en lice
au poste de président de la commission, ne signifiait pas que l'Afrique était
divisée.
Les Dépêches de Brazzaville :
Ces derniers temps, presque tous les discours dans les
instances internationales parlent de position commune africaine. Un tel idéal
est-il à la portée d'un continent qui se divise rien que sur l'élection d'un
président de commission ?
Denis Sassou N'Guesso : Il y
avait deux candidats pour la présidence de la commission. Les règles de
désignation stipulent que le président de la commission doit être élu à une
majorité qualifiée de 2/3. Après avoir procédé à plusieurs tours de scrutin,
l'on n'est pas parvenu à départager Jean Ping et la Sud-Africaine Nkosazana
Dlamni-Zuma. Le texte prévoit dans ce cas de suspendre le scrutin pour le
reprendre à la prochaine occasion. Ces règles pourront changer mais pour
l'instant elles sont strictes puisqu'aucun candidat n'a atteint la majorité
souhaitée. En réalité, il n'y a pas eu division du continent.
LDB : Vous dites qu'il n'y a pas eu division, mais
que s'est-il réellement passé dans votre huis clos, pour que le continent offre
au monde ce triste spectacle ?
D.S.N : Non ! Le continent n'était pas divisé
sur l'élection du président de la commission. Il s'agissait d'exprimer les
règles de la démocratie. Comme dans toute élection, il y a des opinions qui
peuvent être pour ou contre. Je ne vois pas comment on pourrait faire la
démocratie et chercher toujours à avoir l'unanimité. Nous recherchons l'unité de
l'Afrique, mais ce n'est pas toujours dans l'unanimité en permanence. Nous avons
certes besoin de parler d'une seule voix mais toujours à travers des débats
avant d'obtenir le consensus. C'est dire qu'il n'y avait pas division mais
simplement des points de vue opposés ou des divergences sur un sujet. Malgré
cela, nous nous sommes séparés toujours unis au sein de l'organisation.
LDB : Au regard
de l'importance prise par l'élection du président de la commission, le thème du
sommet a-t-il bénéficié de toute l'attention requise, pour envisager des actions
souhaitées ?
D.S.N : Le sommet a commencé les débats autour
du thème « Promouvoir le commerce intra-africain ». On a constaté que dans le
commerce général, le commerce intra-africain ne représentait que 10% alors que
le commerce intra-européen par exemple est estimé à 60%, celui de l'Amérique à
40% et le commerce entre les pays d'Asie à 30%. Quant au commerce général de
l'Afrique avec le reste du monde, il ne représente que 3%. Au regard de ce
constat, il fallait réfléchir sur les causes fondamentales.
Le thème du sommet était très important parce que l'Afrique ne
peut pas se développer sans entretenir le commerce alors qu'elle compte
actuellement un milliard d'habitants, donc de consommateurs. On a constaté que
parmi les facteurs qui gênent le développement, figurent le manque de volonté
politique d'intégration, et le grave problème de l'absence d'infrastructures de
base et de compétitivité dans la production. Du reste, obtenir la libre
circulation des personnes et des biens est un combat que nous menons déjà dans
notre sous-région à travers la CEMAC et la CEEAC.
LDB : Au cours
des assises d'Addis-Abeba, vous avez rendu compte à vos pairs, du niveau de
préparation de l'Afrique à Rio+20. Que peut-on retenir de votre communication ?
D.S.N : Nous avons reçu de la part de nos
pairs, au sommet de Malabo, de coordonner la position de l'Afrique à Rio+20 de
manière à ce que l'Afrique parle d'une seule voix à cette occasion. Nous avons
constaté que lorsque l'Afrique avait parlé d'une seule voix sur les problèmes de
climat à Copenhague, à Cancun et à Durban, cela avait eu une portée
significative. Pour ce faire, nous préparons la position de l'Afrique pour qu'il
en soit de même lors des prochaines assises. En dehors de la Déclaration commune
du continent, nous devons faire en sorte que soit accepté le principe de
création d'une institution spécialisée des Nations unies qui aura son siège en
Afrique.
Propos recueillis par Nestor
N'Gampoula
Par Jrang An@go.
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