lundi 9 janvier 2012

RÉFLEXION - Culture et politique

D'aucuns dénonceront certainement avec véhémence le lien que semble tisser un tel titre entre deux activités humaines qui, a priori, n'ont et ne devraient avoir aucune relation. Et pourtant, de plus en plus, les deux domaines apparaissent intimement liés.

Pour au moins deux raisons :

- La première est que nombre d'idées nouvelles qui provoqueront un jour des changements politiques radicaux naissent dans les livres, les essais, les romans, les articles mêmes. Un phénomène qui n'a rien de nouveau ni de choquant puisque c'est ainsi que sont nées dans le passé les grandes révolutions, à commencer par la Révolution française, mais qui tend à s'amplifier avec l'apparition de techniques de communication permettant la diffusion instantanée et universelle des idées nouvelles.

- La seconde raison tient au fait que plus le temps passe, plus la renommée des nations s'affirme par l'activité de ses intellectuels qui est de mieux en mieux perçue au plan international. Le Congo, pour ne citer que lui, en sait quelque chose, lui dont les écrivains, les poètes, les artistes contribuent de façon déterminante et depuis fort longtemps à sa présence sur la scène internationale. Une présence sans commune mesure avec la dimension géographique et humaine du pays qui est somme toute modeste.

Ce qui précède n'étant pas discutable, l'un des principaux objectifs que les pays émergents devraient se fixer à l'avenir serait de donner à la culture, à l'art la place, toute la place, qu'ils méritent. Or c'est rarement le cas dans la mesure où leurs dirigeants se montrent plus préoccupés de mener des programmes ambitieux dans le domaine économique afin d'élever le niveau de vie de leurs peuples, que de donner à leur pays une aura internationale en faisant valoir le talent de leurs écrivains, de leurs poètes, de leurs peintres, de leurs sculpteurs, de leurs musiciens.

Dans le siècle très matérialiste où nous vivons, une telle hiérarchie des valeurs se comprend aisément. Mais il n'empêche qu'elle constitue une erreur stratégique de première grandeur puisque s'il est difficile pour un pays jeune de faire connaître à l'extérieur les réalisations matérielles qu'il réalise en développant de grandes infrastructures, il lui est facile, en revanche, de se faire valoir par le talent, la créativité de ceux et de celles qui vouent leur existence à la création.

Conclusion de ce qui précède : l'art et la culture sont sans aucun doute, pour les nations jeunes qui ne disposent pas de moyens immenses, les meilleurs instruments pour faire entendre leur voix sur une scène internationale de plus en plus animée, de plus en plus bruyante, de plus en plus encombrée.

Soit dit en passant, c'est très précisément ce constat qui inspirera cette année encore le stand « Livres et auteurs du bassin du Congo » lors du prochain Salon international du livre de Paris. Mais bien d'autres initiatives pourraient, devraient, être prises afin de faire connaître sur les cinq continents l'extraordinaire richesse de l'univers culturel congolais. À commencer par l'exposition dans les plus grandes capitales du monde des œuvres que créent les artistes congolais sans jamais se laisser décourager par la modicité des moyens mis à leur disposition.

Rien, tout le monde en conviendra, ne saurait remplacer aujourd'hui la diplomatie de la création artistique qui unit intimement culture et politique.
Jean-Paul Pigasse

                                   Par Jrang An@go.

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