D'aucuns dénonceront certainement avec véhémence le lien
que semble tisser un tel titre entre deux activités humaines qui, a priori,
n'ont et ne devraient avoir aucune relation. Et pourtant, de plus en plus, les
deux domaines apparaissent intimement liés.
Pour au moins deux raisons :
- La première est que nombre d'idées nouvelles qui provoqueront un jour des
changements politiques radicaux naissent dans les livres, les essais, les
romans, les articles mêmes. Un phénomène qui n'a rien de nouveau ni de choquant
puisque c'est ainsi que sont nées dans le passé les grandes révolutions, à
commencer par la Révolution française, mais qui tend à s'amplifier avec
l'apparition de techniques de communication permettant la diffusion instantanée
et universelle des idées nouvelles.
- La seconde raison tient au fait que plus le temps passe, plus la renommée
des nations s'affirme par l'activité de ses intellectuels qui est de mieux en
mieux perçue au plan international. Le Congo, pour ne citer que lui, en sait
quelque chose, lui dont les écrivains, les poètes, les artistes contribuent de
façon déterminante et depuis fort longtemps à sa présence sur la scène
internationale. Une présence sans commune mesure avec la dimension géographique
et humaine du pays qui est somme toute modeste.
Ce qui précède n'étant pas discutable, l'un des principaux objectifs que les
pays émergents devraient se fixer à l'avenir serait de donner à la culture, à
l'art la place, toute la place, qu'ils méritent. Or c'est rarement le cas dans
la mesure où leurs dirigeants se montrent plus préoccupés de mener des
programmes ambitieux dans le domaine économique afin d'élever le niveau de vie
de leurs peuples, que de donner à leur pays une aura internationale en faisant
valoir le talent de leurs écrivains, de leurs poètes, de leurs peintres, de
leurs sculpteurs, de leurs musiciens.
Dans le siècle très matérialiste où nous vivons, une telle hiérarchie des
valeurs se comprend aisément. Mais il n'empêche qu'elle constitue une erreur
stratégique de première grandeur puisque s'il est difficile pour un pays jeune
de faire connaître à l'extérieur les réalisations matérielles qu'il réalise en
développant de grandes infrastructures, il lui est facile, en revanche, de se
faire valoir par le talent, la créativité de ceux et de celles qui vouent leur
existence à la création.
Conclusion de ce qui précède : l'art et la culture sont sans aucun doute,
pour les nations jeunes qui ne disposent pas de moyens immenses, les meilleurs
instruments pour faire entendre leur voix sur une scène internationale de plus
en plus animée, de plus en plus bruyante, de plus en plus encombrée.
Soit dit en passant, c'est très précisément ce constat qui inspirera cette
année encore le stand « Livres et auteurs du bassin du Congo » lors du prochain
Salon international du livre de Paris. Mais bien d'autres initiatives
pourraient, devraient, être prises afin de faire connaître sur les cinq
continents l'extraordinaire richesse de l'univers culturel congolais. À
commencer par l'exposition dans les plus grandes capitales du monde des œuvres
que créent les artistes congolais sans jamais se laisser décourager par la
modicité des moyens mis à leur disposition.
Rien, tout le monde en conviendra, ne saurait remplacer aujourd'hui la
diplomatie de la création artistique qui unit intimement culture et
politique.
Jean-Paul Pigasse
Par Jrang An@go.
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